Sébastien Janicki
Philosophe, conférencier
Sébastien Janicki est un philosophe français né à Lyon le 15/08/1978 . Docteur en Philosophie, il a enseigné dans le secondaire, à l'université Paul Valéry de Montpellier et à l'université Claude Bernard Lyon 1. Influencé par la philosophie de François Dagognet, il poursuit ses recherches dans le domaine de la philosophie des sciences et des techniques mais également dans celui de l'éthique appliquée. Principaux ouvrages : "La mécanique du remède"(ed.L'Harmattan), "du désordre apparent à l'ordre réel : naissance du concept de monstre"(ed. J.André éditeur), "Post modernité et éthique appliquée". Il est également consultant en éthique en entreprise.
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- Conférence : 1300 €
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Ses conférences
Réflexions autour du livre "postmodernité et éthique appliquée" de S.Janicki
La crise est une façon de nommer un réel. Qu’est-ce qu’une crise à l’époque postmoderne ? L’éthique est-elle capable d’en embrasser la complexité ? Comment répondre à ce moment critique et quelles décisions doit prendre le sujet saisit par la contingence ? Dans cet instant les nouvelles coordonnées de l’avenir sont inconnues et pourtant, le sujet responsable doit y répondre en acte. Pas sans éthique. Cet essai est le produit d’un dialogue entre philosophie et psychanalyse entamé avant la crise du SRAS Covid-19. Cette pandémie nous a révélé la nécessité de repenser l’acte et son éthique. Mais, qui croire ? à quoi nous référer ? Là où la science a remplacé la religion, toutes deux fomentent la crise du déclin de leur croyance. Les habits d’un savoir acquis se sont déchirés. Ladite postmodernité révèle un monde de défiances envers la science et le politique. L’opinion prend place publique et de nouveaux experts prospèrent délaissant le supposé savoir de l’autre. Et pourtant, que reste-t-il du sujet dans son rapport à l’autre ? Précieuse boussole que l’éthique donc. Il n’y a pas d’urgence à opérer mais un impératif en acte pour que s’y loge le sujet à partir d’une pensée de l’estime. Sébastien JANICKI est un philosophe français né à Lyon. Docteur en Philosophie, il a enseigné dans le secondaire, à l'Université Paul Valéry de Montpellier et à l'Université Claude Bernard Lyon 1. Influencé par la philosophie de François DAGOGNET, il poursuit ses recherches dans le domaine de la philosophie des sciences et des techniques mais également dans celui de l'éthique appliquée.
Pouvons-nous connaître les autres ?
L’ autre, c’est d’abord un égo, un sujet, un être conscient, un être pensant. Autrui n’est pas une chose ni un animal. C’est un Moi mais un Moi qui n’est pas moi. C’est un être qui pense mais qui ne pense pas comme moi. Il possède des sensations, des sentiments qui ne sont pas les mêmes que les miens. Autrui est à la fois mon semblable (le même) et autre que moi. Autrui est donc mon alter ego, c’est-à-dire qu’il est semblable à moi mais reste cependant différent. Paradoxe : comment penser un Moi qui n’est pas moi ? Autres questions : Comment pouvons-nous être certains que les autres pensent comme nous ? Comment pouvons-nous être sûrs que les autres sont conscients d’eux-mêmes ? Pouvons-nous connaître les autres ? Peut-on vivre sans les autres ? Pour le philosophe Hegel, l’affirmation de soi se fait dans le conflit, l’opposition aux autres, dans un rapport de force. Pourquoi ce conflit avec autrui permet-il d’accéder à la conscience de soi ? Hegel met en évidence la nécessité du conflit en l’expliquant par l’existence en nous d’un impérieux besoin d’être reconnu par les autres. Nous avons besoin d’être reconnu par quelqu’un. Nous avons besoin d’être reconnu comme un être qui a sa propre pensée, son autonomie. Seulement, les autres ne sont pas portés spontanément à nous reconnaître. Pour s’imposer, il faut vaincre la résistance de l’autre. En effet, quand on a la certitude d’être soi, on est sûr d’avoir une certaine valeur mais cela demeure souvent insuffisant et bien trop subjectif. Je suis une pensée, un esprit. J'en ai la certitude mais comment partager cette certitude avec autrui ? Il faut que ce que je pense être soit reconnu par un autre. Ce dont on a besoin, c’est d’être objectivement reconnu sur ce qu’on croit être. Est-ce comprendre l’autre si on se met à sa place ? Pouvons-nous vivre sans l'autre? La conscience de soi passe-t-elle nécessairement par l'expérience du conflit avec l'autre? En nous appuyant sur plusieurs courants philosophiques, l'objectif sera de mettre en évidence autrui dans la construction de notre propre existence. L'enjeu sera de mieux comprendre ce que signifie le désir de reconnaissance tant dans l'entreprise que dans la sphère sociale. Pour cela, notre cheminement nous mènera jusqu'à la notion de respect comme pierre angulaire de notre rapport à l'autre.
Pourquoi échanger?
Pourquoi échangeons-nous ? C’est parce que nous avons des besoins qu’il est nécessaire que nous échangions. Ainsi, il est nécessaire de trouver une échelle commune afin de mesurer les échanges. C’est par exemple le rôle de la monnaie. Il faut donc qu’il y ai le même rapport entre le cordonnier et l’architecte pour qu’ils puissent échanger. Or, la monnaie s'échange et permet donc aux hommes d’avoir des intérêts en commun. La monnaie rend les choses mesurables entre elles.Elle devrait donc permettre l’égalité des échanges. Pour Cicéron, l’échange permet de renforcer les liens sociaux. Les hommes sont nés « afin de pouvoir se rendre service les uns aux autres » ( traité des devoirs). A l’inverse, Rousseau pense que les échanges sont sources d’inégalité. Les échanges ont rendu la vie des hommes plus facile. En même temps, on peut se demander s’ils n’ont pas rompu un bonheur antérieur ayant pris sa source avant la société. Les échanges ont des formes culturelles multiples : la parole, le don, le troc... mais également l'achat et la vente de produits et des services. Comment et dans quels buts échangeons-nous? Comment les échanges peuvent-ils conduire aux inégalités? Pouvons-nous vivre sans échanges? L’expansion des échanges économiques ( mondialisation des échanges) a transformé nos mœurs et nos pratiques de l’échange. Il apparait que cette modalité de l'échange est partiellement remise en question. L'apparition de l'économie circulaire modifie en profondeur la conception même que nous avons des échanges. il s'agira donc d'en rendre compte afin de mieux comprendre les transformations à venir.
L'éthique en entreprise. Vers une nouvelle organisation du travail post covid?
Comment l’éthique peut-elle être la démarche capable d’embrasser la complexité des actions humaines et permettre des solutions les plus justes et les meilleurs possibles ? Si l’éthique appliquée permet de trouver des solutions à la crise, que peut-elle face à des individualités de plus en plus difficiles à saisir quant aux motifs de leurs actions sociétales ? Une organisation économique comme une entreprise peut-elle se concevoir comme un être vivant ? En d’autres termes, peut-on avoir une conception organique de l’entreprise et quelles en seraient les implications éthiques ? Posé comme principe, l’individu est un atome social. En tant que tel, il existe par lui-même en liaison avec les autres. Quant à l’entreprise, elle est évènement, agrégat, aventure collective ne sachant se développer qu’en s’appuyant sur ses collaborateurs. C’est donc à la définition du travail – ou plutôt sa redéfinition – que nous avons affaire aujourd’hui. L’étymologie du terme « travail » vient du latin trepalium qui désigne un instrument de torture, réservé aux esclaves. Au moyen-âge, c’est le terme latin labor qui sera privilégié et qui donnera plus tard en français moderne des mots comme labeur ou laborieux. En éloignant notre propos d’une pure conception du travail comme aliénant, il se doit de saisir le caractère à la fois vital et émancipatoire du travail. Jusqu’à présent et avant la crise du Covid-19, chacun s’était habitué bon gré mal gré au ronronnement libéral, à la croyance que le « système » était seul capable d’assurer les richesses d’un pays. Les choses changent et les vieilles habitudes devraient évoluées face aux nécessaires adaptations des enjeux mondiaux à venir. Mais, faudrait-il encore repenser le concept même de « chef » d’entreprise et son obsolescence quant à l’évolution de la société post Covid-19. Comment vont évoluées les entreprises de l’« Ancien monde » ? Vers quel « Nouveau monde » se dirige l’Humanité ? Sans doute un monde à la recherche de sa propre vérité mais dont la route sera pavée d’erreurs. Pourtant dans l’errance, le faux ébauche déjà la vérité. Ainsi, il semble trop tôt pour le savoir mais, il est certain que le monde dit d’avant, ne sera retrouvé, à jamais perdu. Cette crise sanitaire mondiale a été qualifiée de « guerre » et s’engage comme un véritable défi à repenser les modèles économiques et sociaux, voire politiques. Serait-ce dans le changement de paradigme économique qu’il sera possible de relever ce défi ? Ces changements seront d’autant plus nécessaires qu’inhérents aux capacités d’adaptation de chacun au monde post Covid-19. Une nouvelle « vision du monde », Weltanschauung, de nouveaux points de vues devront être portés à ce qui nous regarde en propre. Aussi, le « chef d’entreprise » devra dépasser une forme de cynisme ou même de désespoir pour mieux accompagner le changement. Actuellement l’incertitude qui touche de nombreux pays doit inciter à produire des scenarii et des stratégies étayées sur la théorie des probabilités. Pourrons-nous nous réinventer à la suite de l’ébranlement du Covid-19 ? Telle est notre visée principale. Réussirons-nous ? Quelles issues et quels biais ? Pourrons-nous à travers un renouvellement de l’éthique, à savoir l’éthique appliquée en entreprise permettre à chacun de s’approprier – ou de se réapproprier – ce qu’il y a de plus fondamental en l’homme, à savoir sa liberté de choix et donc son libre arbitre ? Depuis une décennie, le Canada a favorisé le questionnement philosophique et éthique dans les entreprises et les collectivités. La France demeure encore frileuse quant à faire appel à un éthicien pour résoudre des problématiques liées au travail mais le pari est possible. La crise du Covid-19 permettra sans doute de le faire dans les échéances à venir. Pourtant, il est urgent de s’atteler à ce que l’éthique fasse son entrée dans l’entreprise. Il est important que les décideurs suivent l’exemple nord-américain afin de permettre un vrai progrès sur le plan des « normes » et parfois des « dogmes » au sujet du monde économique. Suivre cet exemple, c’est permettre aux créateurs et novateurs d’accéder à d’autres modèles économiques et de structurer différemment l’organisation de l’entreprise. En bref, n’est-ce pas permettre à l’entreprise d’être active dans la recherche du bien-être des collaborateurs et de mieux comprendre les valeurs des usagers et des clients ? Après l’épidémie, le bien-être de chacun - corolaire de l’individu d’estime - pourrait être davantage pris en charge comme nécessité. Il faudra également adopter une véritable philosophie d’entreprise. Cet élan éthique devra concerner les grands groupes mais aussi les petites et moyennes entreprises éventuellement par le biais de clubs d’entreprises, de coopératives ou bien de formations adaptées. Désormais, les interrogations sont nombreuses relatives aux relations entretenues dans la sphère du travail. L’éthique viendrait ici, comme éclat, trouée, coupure nécessaire, respiration, ponctuation, souffle dans cette sphère d’affaires. Si auparavant, le travail permettait seulement la subsistance du travailleur, il faut noter une sensible évolution à l’après-guerre. L’activité de l’homo laborans devient activité sujette à la reconnaissance de la Nation. Il est remarquable, et non sans clichés, que la crise du Covid-19 a fait admettre auprès des responsables et acteurs l’importance de la productivité locale, des échanges locaux circulaires ainsi que de l’importance des associations. Il est fort à parier que dans les prochaines échéances tout un pan de nos productions les plus stratégiques devront être relocalisées pour des raisons de proximité de l’emploi, de protectorat et de sécurité. Pourquoi les entreprises françaises ont tant de difficultés à se transformer afin de prendre le chemin salutaire du développement durable ? Pourquoi les PME restent éloignées, faute de moyens, des démarches essentielles de l’éthique appliquée ?